Saint-Illide en 1789

Saint Illide en 1789.
 
St Illide, petite paroisse de la Généralité de Riom et de l'Election d'Aurillac, vivait les derniers mois d'une monarchie établie sur la France depuis près de 1.000 ans et s'apprêtait à connaître une Révolution qui allait tout renverser.

Qui étaient nos ancêtres il y a près de 2 siècles et demi ?

 Comment et où vivaient-ils ces 1.600 Miraliers (presque le triple d'aujourd'hui) dans ce canton de la Haute Auvergne où la mort touchait plus du tiers des nouveau-nés et dont la durée moyenne de vie n'excédait pas 30 ans ?

 

I – Le paysage

 La paroisse avait le même périmètre et la même superficie que la commune d'aujourd'hui- environ 8.000 arpents ou 39 Km2.

Vivant principalement des ressources du sol, il n'est pas indifférent de rappeler que depuis toujours St Illide est un pays de transition entre les Monts du Cantal à l'est et la Xaintrie à l'ouest, transition quant à l'altitude, entre 400 et 700 mètres, et surtout par le sous-sol puisque c'est là que s'interrompt le revêtement volcanique et qu'apparaît un socle cristallin formé de micaschistes, s'abaissant insensiblement vers les pays de l'ouest.

Ce sous-sol se prête à une érosion très vive qui au fil des millénaires, a disséqué le territoire en lanières étroites à versants raides.
La Bertrande ( La Bertanne en 1789) a 200 mètres d'encaissement et souvent des ravins à pentes fortes, de l'ordre de 20 à 25%, séparent les uns des autres les dos du pays de St Illide.
Pour passer d'une échine à l'autre, par exemple du village du Couderc au village du Foulerou (le Flouroux), il faut, par les chemins existants en 1789, faire plus d'une lieue (5 kms) alors que 500 toises seulement (moins d'un km) séparent les deux échines.

Au fur et à mesure qu'on remonte vers l'est, surtout après le bourg perché sur son éperon rocheux, l'érosion se fait moins forte et les pentes plus douces, les vallons séparant les dos de pays se font moins encaissés et les replats y développent des surfaces plus importantes,

La carte de Cassini de 1789 illustre assez bien cette situation du relief, finalement peu favorable à la culture et à l'habitat.

 

On constate aussi sur la carte de Cassini qu'aucune route ne figure à St Illide et alentours et qu'il faut aller jusqu'à St Cernin pour en trouver une, celle qui va d'Aurillac à Mauriac et au delà.
Encore ne s'agit-il que d'une route secondaire, étroite et non arborée, remise en état vers 1735 sur ordre de Trudaine, intendant d'Auvergne, pour faciliter les transferts de fonds du trésor royal.

 

Il n'y a donc que des chemins à St Illide et celui qui rejoint St Cernin est mal entretenu, inaccessible à tout « roulage » une grande partie de l'année, donc réduit à un « simple chemin de pied ».
L'évêque de St Flour en visite à St Illide peu avant 1789 est contraint de s'y déplacer à cheval après une étape de trois jours à St Cernin.
Ces tournées pastorales devaient être épuisantes...

On se souvient (Histoire-XIXéme siècle-St Cernin ne nous aide pas) que 70 ans plus tard, le conseil municipal de St Illide observe à nouveau qu’ «il n'existe pas même un chemin charretal entre St Illide et le chef-lieu de canton».

En 1789, beaucoup plus qu'aujourd'hui, St Illide est naturellement tourné vers l'ouest et le sud-ouest, plus faciles d'accès. L'émigration et beaucoup de marchandises passent principalement par là.

C'est du sud-ouest qu'arrive le vin du Lot, plus proche région viticole, où se rendent les «vignades» formées de convois de charrettes tirées par des vaches.
Aussi le vin du Bordelais transporté par voie d'eau jusqu'à Argentat en Limousin, distant d'environ dix lieues, où la Dordogne est navigable jusqu'à l'océan.
Relevons que ces difficultés d'accès et de transport font que le vin est une boisson chère qui n'est donc pas de consommation courante (jusqu'à 12 sols la pinte), contrairement au cidre produit sur place et donc de faible prix de revient.
C'est par ce même chemin que voyage le fromage de Cantal très apprécié dans le Languedoc où aujourd'hui encore, il est souvent appelé «fromage de table».

Toujours du sud-ouest arrivent des voituriers, le plus souvent à dos de mulet, rarement en charrettes, qui apportent des étoffes, du sel, des huiles, des savons, des eaux de vie, du vin et qui repartent avec des fromages.

Encore faut-il que le roulage ne soit pas impossible ou réduit une partie de l'année en raison de la dégradation du chemin ou du mauvais état d'un pont.
 
Une carte de 1645 signale un pont sur la Bertanne «au confluent du ruisseau de St Illide». Mais au siècle suivant, ce chemin qui relie Aurillac à Pleaux par St Illide est si dégradé que les habitants d'Aurillac doivent réclamer le rétablissement du pont.
Un peu plus tard, M. de Barriac, seigneur d'Albars appuie un mémoire présenté dans le même sens par plusieurs paroisses, dont St Illide.

Un autre pont à mentionner est le «pont de Raufeyt (le Rouffet) au confluent des rivières d'Aize (Etze) et Bertanne»,  à l'extrême nord-ouest de St Illide.

En 1771, les habitants d'Arnac, St Illide et Cros de Montvert demandent son rétablissement, ce qui montre l'importance de l'«Estrade salernoise», antique «draille» (large chemin bordé de pierres sèches) qui emprunte ce pont où transitent de grands troupeaux de moutons partis du Quercy et du Rouergue, gagnant au mois de mai les pâturages de l'ouest du Cantal.
Trente ans plus tard, en 1815, leur réputation se maintient et ces pâturages reçoivent encore une grande quantité de moutons dont la laine, fort estimée, se vend comme jadis aux Espagnols.
En 1789, à St Illide le troupeau des «bêtes à laine» reste  plus important que celui des bovins.

Aussi est-il tout naturel, qu'à la création des cantons en 1790, St Illide soit rattaché à Laroquebrou.
La nouvelle commune de St Illide obtiendra quelques années plus tard son rattachement à St Cernin, quand même plus proche et parce que c’est là désormais qu'arrive et part le courrier.

Mais le chemin de loin le plus important est celui desservant le territoire de la paroisse sur toute sa longueur.
Partant du chemin d'Aurillac à Pleaux, traversant le bourg sur son arête et se poursuivant sur le même relief jusqu'au village de Laveissière, puis à flanc de vallon jusqu'à la vallée de l'Etze, il y rejoint la paroisse de St Santin Cantalès. Au delà, le chemin rejoint à Montvert, où se tient le relais de poste, la route d'Aurillac à Argentat et Limoges.
Quelques années après la Révolution, le conseil municipal de St Illide demandera le classement de ce chemin en voie de grande communication «car c'est par cette voie qu'arrivent le vin et beaucoup de denrées».

Au moins jusqu'à Laveissière, le chemin est large, bordé de haies et habituellement bien empierré et entretenu grâce aux corvées.

C'est sur ce chemin axial que viennent se greffer les chemins transversaux, tracés dans les schistes et desservant tant bien que mal selon le relief, les nombreux hameaux, pour la plupart installés sur des dos pentus qui leur assignent un profil de village-rue dont le premier exemple est le bourg lui-même.

Le cadastre napoléonien réalisé tardivement dans le Cantal entre 1808 et 1843 est achevé à St Illide en 1824 sous les ordres du géomètre en chef Roux (voir sur le site : cartes anciennes). Il recense toutes les parcelles foncières et, plus sommairement, mentionne le type d'occupation des sols.
Ce remarquable document à vocation fiscale fait apparaître tout le foncier y compris le bâti, les chemins et les cours d'eau.

Le réseau des chemins en 1824, sans doute à peu près identique en 1789, se révèle très dense, beaucoup plus que le réseau routier actuel.

On trouve bien sûr le large chemin axial qui suit le même profil que la route actuelle du bourg à Parieu Bas, le chemin transversal de Pleaux à Aurillac et beaucoup d'autres reliant le bourg aux villages ou les villages entre eux.
Mais plusieurs chemins figurant sur le plan cadastral, sans doute empierrés, permettant en tout cas les charrois n'existent plus aujourd'hui.

Par exemple, celui d'Albars au moulin de Barriac ainsi que les autres chemins conduisant aux différents moulins figurant sur la carte ou encore celui partant du village de Lasserre vers  StCirgues de Malbert ou celui desservant Parieu-Bas à partir du Foulerou.
Mentionnons enfin sans que la liste soit pourtant close, le chemin partant à la hauteur de l'actuel cimetière (qui n'existait pas à cet emplacement) et rejoignant St Martin Cantalès.

Sur le plan cadastral figurent aussi les nombreux «chemins de service» nécessaires à l'exploitation des parcelles agricoles. Beaucoup d'entre eux ont disparu.

A une époque où toute la population se déplaçait à pied, sauf quelques rares privilégiés, les «raccourcis» étaient nombreux, permettant aux piétons de gagner des kilomètres de parcours.
Ces raccourcis, parfois indiqués d'un trait fin sur le plan de 1824, étaient d'un profil beaucoup plus accidenté, à pentes plus fortes que les chemins, traversant même les cours d'eau. Aujourd'hui, ils ont à peu près tous disparus, faute d'usage. La nature s'y est réinstallée.


L'occupation du sol, le terroir a beaucoup changé en deux siècles et demi.

 
En 2020, le sol est occupé à 43% par les bois et forêts et pour un tiers par les prairies.
Le reste, à savoir les «zones hétérogènes», moins de 20%, regroupe le bâti, les routes, chemins et terres non cultivées.

Le paysage était très différent en 1789.

Selon le rôle du dixième de 1744, (impôt basé en partie sur le foncier) les prairies représentent moins d'un quart du territoire, les terres labourées plus du tiers, le dernier tiers, n'étant  que «brossiers» et «buges», à savoir broussailles, bruyères,  terres inexploités et futaies sur taillis.

Il y a donc peu de peuplement forestier organisé tandis que les champs de céréales occupent une grande place, de même que les brossiers et buges, supérieure aux «surfaces vertes», pâtures et prairies.

Le cadastre de 1824 confirme ce constat, la feuille d'assemblage de la commune de St Illide indiquant par zone le mode principal d'occupation du sol.
Ainsi, on remarque l'importance des terres labourables (Vergnes, Caussin, Ugeols, Le Bouissou, Le Castanier) et des bruyères (Albart, Laveissière, Carmonte, Darnis, Le Fau, Labontat, Le Couderc) tandis que les prairies dominent vers le bourg, Parieu-Bas et Gounoulès. Enfin, quelques rares plantations de chênes ou de hêtres (Pont du Rouffet, Lasserre).

En un temps où l'autosuffisance est la règle, voire la condition de la survie, la paroisse doit tenter de produire les céréales qu'elle consomme.
En sachant que la Haute-Auvergne est largement déficitaire et qu'elle doit acheter du grain.

Les champs cultivés sont donc nombreux à St Illide, à commencer par le seigle bien adapté aux terres pauvres au climat contrasté, ainsi que l'avoine. Il faut également produire du blé pour faire le pain en complément du seigle dont la farine est peu panifiable.
Peu de sarrasin ou blé noir dont la culture est plus fragile. Quelques champs de lin et de chanvre.
La pomme de terre n'est pas encore cultivée.

En 1787, quatre domaines seulement (deux nobles, deux bourgeois) possèdent à St Illide un troupeau de plus de 25 bovins, ce qui montre bien la place prépondérante de la culture.
Les pâtures sont généralement de faible rapport et on estime qu'il faut à St Illide plus de deux hectares par bovin.

Les terres volcaniques autour de St Cernin étant plus riches, un seul hectare suffit, moins encore vers le bassin d'Aurillac et ses terres alluviales.

Certes, la pauvreté du sous-sol, l'absence de tout apport minéral ou organique, la pratique encore généralisée de la jachère, expliquent les faibles rendements agricoles mais l'existence des «communaux» joue aussi un grand rôle en 1789.

Il s'agit des «coudercs», lopins de terre à usage collectif, appartenant au village (et non à la paroisse), servant à de multiples usages comme de fournir aux habitants des fagots ramassés dans les bois-taillis ou «bouscaillades» ou encore du bois pour le four du village.
Ce sont surtout, autour de chaque village des étendues de bruyères, souvent de plusieurs dizaines
d'hectares, qui reçoivent l'été des bovins et surtout des moutons.
C'est aussi, dans le village les lieux où se trouvent le puits et le four ainsi qu'un emplacement suffisamment vaste pour s'y réunir en nombre, danser ou jouer aux quilles.

A Darnis par exemple, les communaux couvrent 31 hectares ; A Albars, ils atteignent 67 hectares sur les hauts du village, et permettent aux habitants les plus pauvres d'obtenir un lopin de terre supplémentaire où, après essartage (brûlis), ils peuvent faire des cultures temporaires.

A St Illide en 1789, les communaux gardent toute leur importance malgré un édit de juin 1769 encourageant à leur partage.
Au début de la période révolutionnaire, lorsque fut à nouveau proposée la division des communaux, les villages pour la plupart, furent d'avis de n'en rien faire.
Dans une réponse au vice-syndic d'Aurillac en 1790, la commune de St Illide déclare que «ces terrains sont presque tous vains, stériles et incultes.»

Cette survivance d'un droit très ancien devait pourtant amener à des appropriations dont certaines sont déjà fixées sur le cadastre de 1824.
Fatalement, des petits paysans pauvres ou sans terre ont demandé à la communauté du village de travailler durablement certaines parcelles, les plus accessibles.

 Mais ces parcelles et les anciens communaux gardent encore aujourd'hui le nom de couderc.

 

Le cadastre de 1824 présente sur les feuilles de section par village l'état du parcellaire à St Illide, c'est-à-dire l'image cartographique de la division du sol en parcelles ( Internet-archives du Cantal-Cadastre napoléonien-St Illide).
L'objectif de la loi du 15 septembre 1807 qui a créé le cadastre est de décrire l'unité de base foncière, la parcelle, de lui affecter un revenu fiscal et de la rattacher à un propriétaire.

Les parcelles à St Illide sont petites, la moyenne étant inférieure à 0,7 hectare, surtout autour de l'habitat. Le nombre peu élevé de grandes propriétés et les partages dus aux successions au fil des siècles expliquent sans doute cette situation.
Une autre caractéristique de ce parcellaire est qu'il est très irrégulier dans la forme des parcelles, surtout dans les zones à relief.
Alors qu'habituellement, le parcellaire marque une orientation dominante ou un axe symétrique des parcelles et reflète un découpage en peigne ou en arête de poisson avec un maillage quadrangulaire, au moins à angles droit, celui de St Illide est du type puzzle avec les formes les plus diverses.

 

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On pourrait penser à un paysage de bocages, composé d'espaces fermés ou semi-fermés clôturés par des haies vives.
Les haies séparatives étaient certainement plus nombreuses qu'aujourd'hui, où elles tendent à disparaître du fait d'une agriculture productiviste et mécanisée.

Mais elles ne sont pas généralisées car le souci d'une utilisation plus rationnelle des parcelles existait déjà, lorsqu'elles appartenaient au même propriétaire.
 
Surtout, la pratique de la «vaine pâture» et le droit de glanage obligeaient à la liberté de passage des troupeaux et des hommes dans les parcelles cultivées, après les moissons.
Enfin, les communaux, par nature, n'étaient pas clos, appartenant à la communauté du village qui y avait libre accès.
Les feuilles de section traduisent bien le caractère ouvert de beaucoup de parcelles qui ne sont reliés aux chemins de service qu'à travers une ou plusieurs autres parcelles.

La pratique de la clôture des propriétés foncières se développera surtout au siècle suivant.

 

L'habitat est l'essentiel du paysage et du cadre de vie de nos ancêtres en 1789.

Le cadastre napoléonien montre que si le bourg garde aujourd'hui à peu près la même densité d'habitat qu'en 1824, les villages, situés aux emplacements actuels, c'est à dire presque toujours sur une crête ou un sommet, les vallées étant trop encaissées, comptaient tous beaucoup plus de constructions qu'actuellement.

Par exemple Gounoulès rassemblait en 1824 une vingtaine de bâtiments contre 7 aujourd'hui.
Au Bouissou, on comptait 15 constructions contre 7 en 2023.
Le rapport est à peu près le même pour la quarantaine de villages que rassemble la paroisse de St Illide.

Quelques nouveaux villages sont apparus au XIXéme siècle : Lacroqueille n'existait pas en 1789 : il n'y avait aucune maison entre Albars et le bourg.
Mêmes remarques pour le Bel-Air.

 

Un  Miralier de 1789 reconnaîtrait-il le bourg d'aujourd'hui?
Difficilement, sans doute.
La place actuelle n'existait pas en 1789, c'était le cimetière paroissial.
Pas de mairie ni d'écoles, ni de postes.
Hormis l'église, d'ailleurs bien transformée et élargie aux siècles suivants, les communaux du Couderc Majou qui servaient les jours de foires et quelques très rares maisons, presqu'aucune construction actuelle n'étant antérieure au XIXéme siècle, les points de repère seraient rares.

Pour guider notre témoin de l'époque, demeure l'unique rue du bourg, empierrée et poussiéreuse en 1789, mais qui garde le même profil et son embranchement avec le chemin qui mène au Bruel.

 

 

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Notre miralier se sentirait d'autant plus égaré dans le bourg qu'il y venait rarement en 1789, celui-ci ne jouant pas le rôle prépondérant qu'il prendra au siècle suivant.

Hormis pour se rendre aux foires et à l'église (mais il y a aussi des prêtres à Labontat, Albars, Laveissière)  il ne trouvera au bourg ni notaire ni médecin ni habituellement aucun service ou artisan dont il ne dispose chez lui dans son village ou dans  un village voisin.
Les buvettes et lieux où il échange avec le voisinage pendant ses rares loisirs sont également presque toujours à distance rapprochée.
 
La sédentarité de proximité qu'impose aux ruraux leur activité agricole et d'élevage fait de la paroisse de St Illide un exemple d'habitat rural très dispersé où la population du bourg atteint en 1789 moins du quart de la population totale.

Les maisons sont du type maison-bloc, pas de longère à développement en longueur ni de maison en U avec ailes latérales.
Toutes ou presque sont orientées vers le midi et comportent un toit à deux ou quatre pans couvert de lauzes ou de paille pour les plus modestes. Pas de toits plats ou de terrasses.
Toutes sont en pierre trouvées sur place, micaschiste ou gneiss, rarement en lave, avec pierre de taille en angles ou en façade. Pas de colombage à ossature de bois.
Elles sont assemblées avec de la terre glaise et crépies de ciment.

 

Les maisons sont plutôt petites et sans étages hormis le grenier. Dans les villages, rares sont celles qui ne servent pas à la fois de logement, d'étable et de grenier à foin.
On remarque sur les feuilles de section du cadastre que les bâtiments, dans les villages, sont installés sans ordre apparent et qu'ils ne se touchent jamais ou presque. Pas ou très peu de maisons mitoyennes donc, hormis dans le bourg, le long de l'unique rue.

Dans le bourg, quelques maisons bourgeoises, plus spacieuses et élevées.
Plus rares dans les villages, quelques maisons de maîtres appartenant à des propriétaires aisés, ou
 des «maisons de plaisance» où séjourne le propriétaire noble, en visite sur un domaine éloigné de son château de résidence.
Un seul château sur la paroisse, celui de Labontat.
Celui d'Albars est ruiné depuis plusieurs décennies et la famille de Barriac vient de s'éteindre laissant place au compte de Fargue installé à Vitrac, à près de dix lieues de St Illide.

Sur les domaines nobles du Perle et du Bélestat, il n'y a sans doute jamais eu de château, tout au plus une maison de plaisance, comme peut-être à Albars et au Bouissou.

 

Au total, beaucoup de logis pauvres, qui ne tiendront pas des siècles, abritant dans une seule pièce une population également pauvre, voire misérable.

Cependant une visite de la paroisse de St Illide en 1789 nous donnerait certainement de tous ces villages une image proche sinon identique, quel que soit leur taille et leur relief et nous  laisserait une vision de l'habitat autrement plus typée et homogène qu'aujourd'hui où tous les styles se mélangent malgré l'encadrement supposé des permis de construire.